La Société des Antiquaires de France : la connaissance historique et archéologique

La Société des Antiquaires de France : la connaissance historique et archéologique

 

Attention la SNAF est une société savante et non un regroupements ou syndicats de professionnels des antiquités.

 

Depuis plus de deux siècles, la Société des Antiquaires de France (SNAF) constitue l’une des institutions savantes les plus prestigieuses dédiées à l’étude de l’histoire, de l’archéologie, et des civilisations françaises et européennes. Son rayonnement, sa longue histoire et ses activités en font un acteur central dans le paysage de la recherche antique et médiévale en France, tout en étant un témoin fidèle de l’évolution des disciplines historiques et archéologiques.

De l’Académie celtique à la SNAF

L’histoire de la Société trouve ses racines dans le mouvement celtisant du début du XIXe siècle, une période marquée par un regain d’intérêt pour la culture et l’histoire des peuples celtiques, notamment suite à la publication du succès littéraire ossianesque. En 1804, sous l’impulsion de figures telles que Jacques Cambry, Jacques-Antoine Dulaure et Jacques Le Brigant, une Académie celtique voit le jour. Fondée par le préfet Jacques Cambry, cette nouvelle société se réunit pour la première fois au Louvre, symbole de la richesse culturelle et patrimoniale de la France, sous la présidence de Joseph Lavallée.

Les premières années de cette académie sont marquées par une intense activité de recherche et de publication. Cambry, en particulier, publie des notices sur les monuments celtiques, le culte des pierres, les druides, ainsi que sur l’agriculture des Celtes et des Gaulois. L’objectif est clair : dresser une statistique précise de l’archéologie gauloise, afin de retrouver la trace de nos ancêtres celtiques et de mieux comprendre l’identité ancienne de la France.

L’essor du celtisme et l’élargissement des thématiques

L’intérêt pour le celtisme, déjà vif, ne cesse de croître. La société attire l’attention d’autres érudits, dont le célèbre médecin René-Théophile-Hyacinthe Laennec, qui s’initie à la langue bretonne et contribue à approfondir la connaissance des peuples celtiques. La société s’attache à explorer tous les aspects de cette civilisation : monuments, langues, rites, arts, et même la religion druidique.

Cependant, à partir de 1811, une volonté de diversifier ses thématiques apparaît : l’accent est mis sur la période médiévale, reflet de l’évolution historique de la France et de ses patrimonies. En 1814, la société change de nom pour devenir la Société des Antiquaires de France, un changement symbolique marquant son ouverture à l’ensemble de l’histoire nationale, de l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge.

Une reconnaissance institutionnelle et une expansion nationale

Après la chute de Napoléon Bonaparte et le retour à la monarchie, la société gagne en prestige. En 1829, sous l’impulsion du roi Charles X, ses statuts précisent qu’elle mène des recherches dans une vaste gamme de disciplines : linguistique, géographie, chronologie, histoire, arts et antiquités, couvrant aussi bien la Grèce et Rome que la Gaule et la nation française jusqu’au XVIe siècle. Ce large spectre témoigne de sa vocation pluridisciplinaire.

Depuis 1854, la société bénéficie d’un siège au Louvre, dans le temple même de l’art et de l’histoire. La proximité avec l’un des plus grands musées du monde lui permet de puiser dans une richesse patrimoniale exceptionnelle. La société s’investit également dans la collecte et la publication de ses découvertes, notamment à travers ses Bulletins annuels, ses Mémoires et ses Annuaires, qui constituent autant de sources précieuses pour les chercheurs.

En 1852, la Société des Antiquaires de France est officiellement déclarée d’utilité publique par décret, une reconnaissance officielle de son rôle dans la sauvegarde et la diffusion du patrimoine historique et archéologique national. Quatre ans plus tard, en 1859, elle s’installe définitivement au Louvre, renforçant ainsi son ancrage dans le paysage culturel français.

Une société savante, un lieu d’échanges et de découvertes

La SNAF rassemble aujourd’hui près de 400 membres, dont une majorité d’associés correspondants tant en France qu’à l’étranger, ainsi qu’une dizaine de membres honoraires et une quarantaine de membres résidents. Elle n’est pas un regroupement de professionnels de l’antiquité ou un syndicat, mais une société savante, dont la vocation est la recherche, la réflexion et la diffusion des connaissances sur le passé.

Son organisation interne est structurée autour d’un bureau composé d’un président, de deux vice-présidents, d’un secrétaire, d’un secrétaire adjoint, d’un trésorier, d’un bibliothécaire, d’un archiviste, et de membres de diverses commissions (Fonds, Mettensia, legs Schlumberger). Elle dispose également d’un secrétaire permanent chargé de la publication de ses travaux. Les séances se tiennent chaque mercredi au palais du Louvre, un rendez-vous hebdomadaire où chaque membre ou correspondant peut présenter ses travaux, partager ses découvertes ou ses réflexions. Ces communications alimentent les Bulletins annuels, qui deviennent ainsi un véritable journal de la recherche en histoire et archéologie françaises.

Les publications de la société comprennent aussi des Mémoires, souvent issus de ces communications, ainsi qu’un Annuaire permettant de suivre l’évolution de ses membres et de ses activités. La publication régulière de ces travaux contribue à enrichir la bibliothèque de la société, qui possède une collection exceptionnelle, en partie alimentée par les échanges avec d’autres sociétés savantes nationales et étrangères.

Une vocation à la fois nationale et internationale

Au fil de ses décennies, la Société des Antiquaires de France a su maintenir un équilibre entre ses missions de recherche nationale et ses relations internationales. La reconnaissance de son rôle par l’État, notamment avec son statut d’utilité publique, lui confère une légitimité dans le paysage académique français. Elle participe également à des colloques, des expositions, et collabore avec des institutions muséales, universitaires ou de recherche.

Elle demeure un lieu privilégié pour la présentation de travaux originaux, la discussion d’hypothèses et la mise en valeur du patrimoine national. La société a ainsi accompagné la découverte et la mise en valeur de nombreux sites archéologiques, monuments, et collections privées ou publiques.

Aujourd’hui, la Société des Antiquaires de France continue d’adapter ses activités aux défis contemporains, notamment en intégrant les nouvelles technologies dans ses recherches et ses publications. La numérisation de ses archives, l’ouverture à de nouveaux domaines comme la paléoanthropologie ou la préhistoire, et le développement de collaborations internationales attestent de sa vitalité.

En définitive, la SNAF demeure une institution emblématique dans le monde de l’érudition. Son rôle n’est pas seulement de préserver un patrimoine ancien, mais aussi de stimuler la recherche, de favoriser la transmission des connaissances, et de valoriser l’histoire de France. Son parcours, de l’Académie celtique à la société moderne, reflète l’évolution de la pensée historique et archéologique en France, tout en restant fidèle à ses missions fondamentales : la recherche, la diffusion et la conservation du patrimoine. Certains diront que la Société des Antiquaires de France incarne l’esprit de l’érudition française, héritage précieux pour les générations présentes et futures, dans leur quête de compréhension du passé et de leur identité.

banniere Aladin magazine ABO
L'AGENDA DES ENCHÈRES
LE DERNIER NUMÉRO !

Foire de l' Isle-sur-la-sorgue été 2025

LES ARTICLES PAR CATÉGORIES
ABONNEZ-VOUS:

6, 12 ou 24 mois

A partir de 32 €
PAPIER

100% NUMÉRIQUE

30 € / ANS
NUMERIQUE