100 ans d’antiquités à Rouen : 3ème générations de la famille Métais.
Rouen – Après des mois de travaux, la boutique d’antiquaires Métais rouvre ses portes sur la place Barthémély, après avoir été repensée et réaménagée pour mettre en valeur deux univers distincts : les objets XVIIIe siècle d’un côté, les pièces XXe siècle de l’autre. Fondée en 1925 et installée depuis 2018 rue Beauvoisine, la maison Métais affirme désormais, sous la houlette de Christine Métais, sa capacité à conjuguer mémoire historique et exigence contemporaine.
La rénovation a été pensée comme un voyage à travers les siècles, sans rupture mais avec une progression claire dans l’expérience d’achat et de découverte. À l’entrée, une logique d’espace guidée par les périodes : d’un côté, un espace XVIIIe siècle où mobilier, arts décoratifs et porcelaines dialoguent avec les marqueteries délicates et les pendules baroques ; de l’autre, un univers XXe siècle qui mêle design, arts décoratifs et objets de collection plus récents, témoins des grands mouvements du XXe siècle, du style industriel au design moderniste et Art déco. Le tout est pensé comme un miroir des choix esthétiques de chaque époque, tout en restant cohérent avec l’identité Métais : une exigence de conservation, une rigueur de la présentation et un goût pour les pièces qui portent une histoire.
Christine Métais, troisième génération à la tête de la Maison, n’a pas caché l’orientation philosophique de ce renouveau. Passionnée d’égyptologie, bien que spécialiste du XVIIe siècle, elle a choisi d’en faire le fil conducteur de cette réouverture. “Le scarabée égyptien est notre emblème conceptuel,” explique-t-elle lors d’un entretien en amont de l’inauguration. “Pour moi, le scarabé symbolise la protection, la renaissance et le passage des temps : il est une passerelle entre les siècles, entre les objets et ceux qui les découvrent.” Cette symbolique n’est pas seulement décorative : elle se retrouve dans le logo, les gravures murales et dans des détails de signature présents dans les étiquettes et les cartels explicatifs qui accompagnent chaque pièce. Le choix s’accorde avec une approche pédagogique : raconter l’histoire des objets autant que les proposer.
Ce lieu, place Barthémély, signe aussi un tournant stratégique pour la maison Métais. Cette implantation est un retour aux sources dans la poursuite de l’histoire familiale tout en offrant des perspectives nouvelles : à la fois pour les collectionneurs locaux et pour les curieux amateurs venus des régions voisines (ndlr : cette place est située sur un axe touristique de la ville). Cette réouverture ne se limite pas à une simple vitrine commerciale : elle s’inscrit dans une volonté de valoriser le patrimoine vivant, avec des services d’expertise et d’authentification ponctuels pour les pièces les plus sensibles, et des expositions temporaires qui viendraient compléter l’offre permanente.
La configuration des espaces invite à une expérience sensorielle et intellectuelle. L’espace XVIIIe siècle s’attache à des ensembles qui évoquent l’élégance des salons du XVIIIe et des arts décoratifs qui accompagnent la cour des fins de siècle : meubles finement travaillés, porcelaines de premier choix, lustres et horloges qui racontent les heures de fêtes et de cour. Dans l’espace XXe siècle, on retrouve des pièces qui témoignent des évolutions rapides du siècle dernier : mobilier et lampes d’appoint, objets design, éditions limitées et pièces de collection qui incarnent les mouvements de modernité, de l’Art déco jusqu’aux année soixante-dix. Le contraste entre les deux univers est assumé, mais la continuité est assurée par la qualité des matériaux, la lumière et l’attention portée à la mise en valeur des objets. Chaque pièce bénéficie d’une présentation pensé pour valoriser sa signature matérielle et son histoire.
Le scarabé égyptien n’est pas qu’un décor : il sert aussi de guide symbolique dans l’espace. Des motifs subtilement gravés ornent les supports d’exposition et les étiquettes, rappelant que chaque objet est un témoin du temps, chargé d’une mémoire et d’un sens qui se transmettent à ceux qui les regardent. “Nous voulons que nos visiteurs ressentent cette tension entre le passé et le présent, entre l’objet et l’histoire qu’il porte,” précise Christine Métais. Ce dispositif esthétique s’accompagne d’un dispositif pratique : des étiquettes bilingues, des notices explicatives, et la possibilité d’effectuer des visites thématiques pour les écoles, les passionnés d’égyptologie et les collectionneurs qui cherchent à approfondir leur connaissance des pièces exposées.
L’inauguration officielle est programmée le 5 septembre, avec une réception qui réunira la famille Métais, des collectionneurs et des partenaires institutionnels. Le grand public sera invité à découvrir les lieux dès le lendemain, le 6 septembre. Au programme : visites guidées par Christine Métais, présentations sur les méthodes de restauration et d’authentification, et un aperçu des collaborations futures. “Nous voulons accueillir, échanger et former ceux qui s’intéressent à notre métier et à nos objets,” résume-t-elle. “La boutique est un lieu vivant où l’histoire se raconte au présent.”
À Rouen, la réouverture de la boutique des Métais réaffirme une tradition séculaire tout en affirmant une modernité maîtrisée. La famille, qui tient boutique d’antiquités depuis près d’un siècle, continue d’écrire son histoire en privilégiant l’exigence, la transparence et la passion du beau bien conservé. Entre les pièces XVIIIe et XXe siècle, entre le passé et le présent, entre le scarabé et la curiosité contemporaine, la Maison Métais propose désormais une expérience de découverte renouvelée, tout en restant fidèle à son credo : préserver, révéler et transmettre des objets qui racontent l’homme et son temps. Les habitants et les visiteurs de Rouen découvriront, à partir du 6 septembre, une adresse où chaque regard peut devenir une immersion dans l’histoire.
En savoir plus : site Galerie Christine Métais.
mardi au vendredi de 10h à 12h,
le samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous
Place Barthélémy 76000 Rouen