Editorial : Au secours ! Michel Audiard, reviens, car ils sont devenus fous

Dans le domaine des arts et des antiquités, il existe une novlangue, notamment chez les personnes chargées de promouvoir les expositions, le tourisme culturel, les institutions, les foires et autres manifestations. Prenons quelques exemples authentiques. « La scène artistique parisienne » ou « la scène artistique départementale » désigne, de manière très floue, tout ce qui touche à l’art en un lieu donné, comme s’il s’y passait toujours quelque chose d’intéressant. Dès lors, les toiles de X « envahiront » cette « scène artistique ».

Envahir est un verbe qui se répète jusqu’à plus soif, un peu comme « résilience » dans l’actualité générale. Dialoguer est aussi un mot qui recueille le succès chez les adeptes de la métaphore à deux balles. Les peintures « dialogueront » entre elles. Le verbe dialoguer à propos d’une exposition ou d’un musée est de plus en plus tartiné. L’écho d’un autre bêlement de troupeau de moutons s’entend dans l’expression « expérience immersive ». Presque tout devient immersif ! Et que dire de ceci : « il revisite l’art » ? Dans le petit monde de la communication, ils sont aussi nombreux à s’échiner à ne plus utiliser le mot photo ou photographie, pour le remplacer par un soi-disant plus intellectuel « visuel ». Tous des experts en sémiologie ! On n’en doute pas. Imaginez un dimanche après-midi où l’on feuillette les « visuels » de famille en buvant un café !

Un autre terme tombé en disgrâce est « antiquités ». Mis à l’index par l’inquisition de la bien-pensance, il fait au mieux ringard, au pire réactionnaire. En revanche, il est à la mode de dire « l’artiste », sans surtout préciser s’il s’agit d’un peintre, d’un sculpteur ou d’un réalisateur… Une mode héritée des indéfinissables « performances artistiques » ! Ainsi, on ne s’avance pas trop sur la nature de « l’oeuvre ». N’oublions pas non plus le très chic « univers holistique » ! Comme disait l’humoriste Jean Delacour, repris par Françoise Sagan et Pierre Desproges : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ».

Daniel Cagnolati, rédacteur en chef

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