C’est le printemps, les petits oiseaux chantent
Comme chaque année en mars a lieu la TEFAF de Maastricht, le rendez-vous annuel des plus grands antiquaires et galeries de la planète, à l’exclusion de l’art strictement contemporain. Le défilé des limousines et des jets privés y est ininterrompu. En 2023, en France, Sotheby’s, Christie’s et Artcurial n’ont jamais aussi bien travaillé. Les commissaires-priseurs français, qui réussissent à trouver des collections prestigieuses, se frottent les mains, alors que leurs collègues se consolent bien avec les ventes après faillite ou celles demandées par ceux qui ont besoin de liquidités. Pendant ce temps, un dessin d’Hergé s’est vendu pour le même prix qu’une huile sur toile de Monet (plus de deux millions) ! Il est hors de question de porter un jugement de valeur esthétique, mais de réaliser un placement à partir d’un nom, pas d’une oeuvre. Un nom, il y en a beaucoup. Vuitton, Hermès, Rolex ou Ferrari ont leur équivalent en peinture, dans le mobilier ou en sculpture, et sont d’ailleurs vendus par les mêmes maisons de ventes. On l’aura compris, le haut de gamme se porte bien et est même spéculatif. Certaines personnes achètent des tableaux ou des montres sans jamais les accrocher à leurs murs ou les porter, mais pour les mettre dans un coffre. Il s’agit de purs placements. Et pendant ce temps, que deviennent les antiquités ? Vous lirez nos reportages chez un grand antiquaire de l’ouest de la France, qui arrive à bien tirer son épingle du jeu malgré ses énormes stocks.
Vous découvrirez aussi une route des brocanteurs, pas très loin de là. Il y a toujours des gens qui y croient et qui ont la passion, par-delà les changements économiques et culturels de notre époque.
Daniel Cagnolati, rédacteur en chef